Dans cet entretien, Navelie Auguste nous livre avec authenticité son parcours dans l’univers de la...
Zoom ACODLAK: Michenaïda LAURENT
L'équipe d’ACODLAK a eu l'opportunité d'interviewer la danseuse Michenaïda LAURENT, connue sous le nom de Saïda dans le milieu de la danse. Jointe par téléphone le lundi 3 février 2025, elle a répondu à nos questions. Ces questions sont relatives à sa vie familliale, sociale, sentimentale, son parcours dans la danse, ses aspirations et ambitions personnelles, et visent à mieux connaître la danseuse Saïda, qui évolue depuis quelques années dans le milieu de la danse.
Est-ce que tu peux nous faire une courte présentation de toi ?
Je suis Michenaida LAURENT, j’ai 21 ans. Je suis née le 22 janvier 2004 à Petit-Goâve, dans la localité de la 2ᵉ plaine. Ma mère s’appelle Phanise PAULO et mon père, Deny LAURENT. Ils sont également originaires de Petit-Goâve. Ma mère a trois filles et un garçon. Je suis l’aînée du côté maternel et le cadet du côté paternel. J’ai terminé mes études classiques en 2024.
Puisque tu n’es pas originaire de Port-au-Prince, quand est-ce que tu es rentrée à Port-au-Prince ? Dans quelle occasion tu es rentrée à Port-au-Prince ?
Je suis rentrée à Port-au-Prince en 2018. J’étais en 8ᵉ année fondamentale. En réalité, il n’y avait pas de raison spécifique expliquant mon installation à Port-au-Prince. J’avais simplement l’habitude de passer mes vacances chez ma tante. Au fil du temps, elle a apprécié ma façon d’être. Pendant ces séjours, elle a constaté que j’étais une fille docile et a proposé que je reste vivre avec elle. Elle a promis de financer mes études classiques et subvenir à mes besoins. Du coup, j’accepte.
Combien de temps as-tu depuis que tu pratiques la danse ?
J’ai trois (3) ans depuis que je pratique la danse. Je suis rentrée en 2022 à FueBalDa Académie de danse. C’est dans cette école j’ai appris mes premiers pas. Il est vrai que les gens constatent beaucoup de progrès chez moi, mais je n’ai que trois ans. En réalité, quand j’ai commencé en 2022, j’ai dû prendre une courte pause à cause de la situation du pays. Trois mois plus tard, après que j’ai repris les cours, j’ai été constamment dans les pratiques et ce, partout.
Au début, je n’étais pas encore habile. J’avais dû me faire accompagner des ami.e.s expérimenté.e.s qui savaient déjà participer à des séances de pratique. Je ne voulais pas m’y rendre seule, c’était un peu nuisible pour moi.
Pour des observateur.rice.s tu as un niveau très avancé en Kizomba. As-tu appris la kizomba avant de rejoindre FueBalDa ?
Non. J’ai démarré à Fuebalda. C’est l’unique école à laquelle j’apprends la danse. J’ai appris la Kizomba à cette école avec Phanord et Edwine. En plus d’avoir débuté à FueBalDa, j’ai eu d’autres personnes qui dansent la Kizomba qui m’ont aidé. J’ai eu la chance de recevoir des coaching en privé avec Lucasse et Dezòd.
J’ai d’abord commencé avec Lucasse, alors que je ne savais même pas comment me lever les pieds pour danser la Kizomba. Il venait chez moi, m’apprendre à danser. Il n’est pas celui avec qui j’ai fait le premier pas, mais je peux dire qu’au moment il a commencé le coaching privé avec moi, j’ai beaucoup progressé, car il était avec moi tous les jours, pour m’apprendre.
Par la suite, j’ai continué avec Dezòd. Ce dernier n’avait pas l’habitude de venir chez moi, mais plutôt à Artotal. Quelque temps après, nous avons constitué un petit groupe de huit (8) personne qui devait répéter tous les après-midi, à Artotal. Ce groupuscule n’avait pas de nom en réalité ; nous l’avions formé tout simplement parce que nous avions voulu avancer plus rapidement dans la Kizomba.
Pour cette période Dezòd était mon partenaire, tandis que Alix était notre professeur. Mais en fait, Lucasse a été mon premier partenaire avec qui j’avais l’habitude de danses plus souvent.
Quelles danses penses-tu maitriser le mieux ?
Je peux dire, la Kizomba à 70%, la Salsa, le Manbo, le konpa et le chacha.
Est-ce qu’il y a eu une occasion déterminée expliquant ton introduction dans le secteur de la danse ?
J’ai aimé la danse depuis mon enfance. Je m’étais toujours dit que je dois savoir danser. Mais, je ne savais pas le Ballrom, la salsa… J’avais un ami qui m’avait proposé de rejoindre l’école FueBalDa Académie de danse. Il m’a mis en contact avec le PDG, Frandizy Floréal, et je me suis inscrite.
Etant donné que j’avais toujours aimé la danse, d’autre en plus que je me sentais habile dans certaines danses, je m’y suis investie totalement. En réalité, à l’époque, ma vision était de danser l’afro, un style que je connaissais déjà. Quand je suis arrivée à FueBalDa, on a commencé à me parler de Salsa, Chacha, Bachata, etc. Donc j’ai alors décidé d’essayer. J’ai commencé par regarder des vidéos sur youtube, pour comprendre de quoi il s’agit réellement. J’ai commencé à danser. Puis, en participant aux pratiques, j’ai fini par réaliser que c’était le meilleur choix pour moi. Mais, quant à l’Afro, je l’aime encore. Je l’apprendrai quand même un jour.
Comment vois-tu le secteur de la danse en Haïti depuis ton introduction dans le secteur en 2022?
La danse est une activité qui chasse le stress chez soi. Moi, personnellement, quand je suis chez moi, je ne me sens pas bien, je vais à une pratique. En y arrivant, je rencontre de nouvelles personnes et de nouveaux contacts. Ça me fait d’énormes plaisir.
La danse est une grande famille. Même si je suis consciente que tout le monde n’est pas un.e ami.e à 100 %, nous sommes haïtien.ne.s, et nous nous comprenons. Néanmoins, je sais qu’il arrive que certain.e.s médissent sur les autres au lieu d’exprimer clairement ce qu’ils/elles pensent. Je déteste l’hypocrisie dans ce milieu.
Je ne sais pas vraiment si je suis victime de cela. J’ignore ce que les gens disent à mon sujet. Si quelqu’un parle de moi, je n’y prête même pas attention.
Ce que j’apprécie dans ce secteur, c’est la solidarité. Bien sûr, tout le monde n’est pas sincère, mais si tu as un problème et qu’il faut t’emmener en urgence à l’hôpital, ils/elles le feront. Ce soutien me touche. De plus, certain.e.s dansent avec toi sans aucune discrimination de niveau, ce qui est très motivant. J’apprécie ce geste.
Je peux dire que j’apprends à danser à FueBalDa, mais ce sont les gens dans les pratiques qui m’ont perfectionné. Quand ils dansent avec moi, ils me font faire des mouvements différents. A chaque fois ils me font faire un mouvement que je ne maitrise pas, je leur demande de le faire à nouveau jusqu’ace que je le maitrise. Il y a quelqu’un qui m’a beaucoup aidé dans les pratiques de danse. C’est bien Docteur Douce.
Quelle amélioration souhaites-tu dans le secteur de la danse en Haïti ?
Tout ce que je souhaite dans le milieu de la danse, c’est la solidarité. Si une école organise une activité et publie une affiche pour une date donnée, les autres écoles devraient la soutenir au lieu d’organiser un événement parallèle. Cela permettrait de renforcer l’unité et l’entraide dans le secteur. Former une véritable famille, sans hypocrisie, serait bénéfique pour tout le monde.
A titre d’exemple, nous pouvons considérer la série d’événements organisée pour l’anniversaire de Kinoche. Plutôt que de programmer d’autres pratiques en même temps, les autres groupes auraient pu se réunir autour de lui en reconnaissance de ce qu’il représente pour le secteur de la danse.
Comment penses-tu pouvoir apporter une amélioration dans le secteur ?
Je ne peux rien apporter. La raison est que, si quelque chose ne va mal, je ne vais pas appeler la personne pour lui dire de le changer. Peut-être Fuebalda qui est mon école. Nous avons un forum sur lequel nous discutons de tout et de n’importe quoi.
Ça t'arrive de contracter des relations amoureuses dans la communauté de la danse ? si oui, qui sont ces personnes ?
Oui. Ils sont deux (2). Mais je choisis de ne pas dire leur nom. Ce sont des personnes avec qui j’ai déjà rompu. Ce n’est pas nécessaires de citer leur nom.
Ok. Admettons que le premier, on l’appelle X ; et le second, on l’appelle Y. Dans quelle occasion as-tu contracté cette relation avec eux et qu’est ce qui a occasionné la rupture ?
Pour le premier, il s’agit en fait d’une connexion entre nous. Nous avions l’habitude de danser, de sortir et de se voir souvent. Donc, il a fini par m’aimer, et je l’ai aimé en retour. Finalement, nous avons été ensemble. Cette relation a duré deux ans. Notre rupture est survenue à cause d’une tromperie, ce qui a entraîné d’autres problèmes qui ont finalement mené à la fin de notre relation
Pour le second, nous l’avons contractée à la suite d’un échange de numéro de téléphone. Nous avons pris l’habitude de parler souvent, puis ça vient. C’était juste un essai. Je ne m’étais pas livré totalement dans cette relation, vu la rupture que j’ai eue avec X.
Dans quel type de danses X et Y sont plus à l’aise ?
X à la maitrise de la Kizomba et la Bachata.
Y est à l’aise dans plusieurs danses, mais il danse mieux le konpa.
En dehors de la danse, est ce que tu as d’autres aspirations ou autre projet de vie ?
Avant, je voulais être une avocate. C’était à mon plus jeune âge, quand j’étais en primaire. Mais, pour le moment j’écarte cette option au profit des sciences infirmières. J’étais motivée par les sciences juridiques en raison de ma capacité à me défendre. Pour les sciences infirmières, c’est mon appréciation pour le domaine qui est la principale motivation.
Merci de repondre à nos questions.
D'accord.
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